— L'édition numérique —
Je travaille aujourd’hui comme imprimeur.e sur presse numérique à l’ESAD Orléans. C’est un retour aux sources car j’ai commencé mon parcours par une toute première édition (couverture d’un magazine à l’âge de 10 ans). J’ai suivi une formation dans les industries graphiques dès l’adolescence et ai travaillé dans une imprimerie (Noveprint) pendant 4 ans en tant que graphiste / imprimeur.e sur presse numérique / responsable des calages chromatiques offset pour de grandes marques. Tout ce rapport entre l’imprimé et l’interface que j’ai pu évoquer précédemment est au coeur des interrogations de l’atelier d’impression numérique et des problématiques des étudiants. Nous abordons des interfaces web2print, créons des interactions avec des objets imprimés, mettons en place des affiches en réalité augmentée… Toutes ces orientations nous amènent à se confronter à l’importance du choix du papier, de la chromie qui diffère selon les machines, du format et de la forme que l’objet va prendre, du statut que l’on souhaite donner tant à la version papier qu’à la version virtuelle… Mon blog “Pré-presse” qui a été diffusé pendant le confinement de 2020 aborde toutes ces interrogations sur le format print et le format web. L’interface enrichit alors que l’imprimé fige, l’imprimé conserve quand l’interface est obsolète.
Je transmets l’impression numérique comme un médium et non plus comme un simple outil : travailler la chromIe, le rendu sur différents papiers, jouer avec la technique d’impression (impression laser, impression jet d’encre, impression RISO), faire des expérimentations afin de se rendre compte de toute l’étendue des possibilités entre le format, l’encre, le papier et la technique. J’insiste sur l’importance de la préparation des fichiers d’impression (compréhension du Recto Verso, des traits de coupe, des fonds perdus, du blanc qui correspond à notre support, de la qualité des images, des spectres colorimétriques, de la compréhension d’un cahier...). Ce travail préparatoire a sa place avec toutes les formes de conception qu’elles soient sur logiciel spécialiste du print ou qu’elles viennent directement du code. L’atelier sensibilise les étudiants à quelques notions d’impression (calages recto verso, calibrage de la chromie), à la considération de l’imprimé (lui donner une valeur), aux temps de préparation (un fichier terminé n’est qu’à 50% de sa production…). Je recommande la préparation de « maquettes en blanc » (pour les éditions), de montages papier (pour les grands formats) et de maquettes filaires (pour les éditions web). Ce jeu entre le réel et le virtuel rejoint finalement la sphère privée et la sphère publique. L’un ne va pas sans l’autre. « Voir et entendre, ultra-voir et ultra-entendre, s’entendre voir » Gaston Bachelard.